Et qui souffrent en silence… Dans le doublage plutôt moins qu’ailleurs, au demeurant, car on essaie en général d’y être attentif à parler correctement (au risque inverse d’être pédant parfois), même si cela n’empêche pas tout à fait la délinquance verbale d’y conserver ses droits.
Ces petits mots qu’on martyrise, j’ai envie de leur rendre justice, pour me faire plaisir et pour contribuer dans la mesure de mes faibles moyens à leur donner une dernière petite chance de survie (en sachant qu’il m’arrive aussi, malheureusement, de torturer ma langue)…

Abasourdir :
Ce mot vient de l’ancien verbe argotique basourdir signifiant tuer et n’a aucun rapport avec l’adjectif sourd ni le verbe assourdir. Aucune raison par conséquent de prononcer « abassourdir » : la consonne s intercalée entre deux voyelles doit se prononcer z (comme dans résumé, oser, miser…). On dit « je suis abazourdi » et non « je suis abassourdi »… après vous mettez ce que vous voulez, comme par exemple : « par toutes ces niaiseries qui se déversent sur la Toile, vertuchou ! »

A la fois et à la fois :
Pourquoi répéter la chose ? Ou pourquoi dire « à la fois mais aussi » ?
A la fois, ça veut dire en même temps. Donc il y a forcément au moins deux termes qui vont suivre, sinon ça n’aurait aucun sens. On ne pourrait pas dire « elle est à la fois belle », hein ! S’il y a à la fois pour commencer c’est que quelque chose arriver suivre derrière belle. Il va obligatoirement y avoir un et. Donc ce sera quelque chose du genre « elle est à la fois belle et intelligente ». Et non pas « elle est à la fois belle et à la fois intelligente », ou encore « elle est à la fois belle mais aussi intelligente », ce qui est idiot. Enfin, je parle de la formulation, pas du sens, bien entendu !

Alcoolique :
Le gel hydroalcoolique aura été à l’honneur avec cette crise du coronavirus, et personne n’aura songé à parler de « gel hydroalcoolisé ».
Mais parlez d’une boisson alcoolique, et vous aurez toutes les chances du monde de susciter des ricanements entendus…
Or un liquide alcoolique contient naturellement de l’alcool (comme le vin), alors qu’alcoolisé se dit d’un liquide auquel on a ajouté de l’alcool (comme le bloody Mary qui est du jus de tomate dans lequel on a ajouté de la vodka entre autres ingrédients).
Ce n’est donc pas du tout la même chose, et la différence, qu’on ne fait plus dans le langage, est pourtant utile et intéressante.
Certains magasins affichent d’ailleurs bien que la vente de boissons alcooliques est interdite aux mineurs et il existe un permis de vente de boissons alcooliques.

Amener et Emmener :

On ne se prive pas d’utiliser indifféremment ces deux verbes alors qu’ils signifient exactement l’inverse l’un de l’autre, comme apporter et emporter.
Amener c’est « faire venir avec soi dans un lieu donné ».
Emmener c’est au contraire « faire partir d’un lieu où l’on est pour aller dans un autre ».

Apporter :
De profundis, repose en paix pauvre petit mot, tu as totalement été supplanté par amener !
Plus personne aujourd’hui n’utilise apporter (sauf les étrangers qui ont appris à parler français à l’école) qui est donc en voie de disparition de notre langue. Une subtilité en moins pour le français.
Amener c’est « faire venir avec soi », de gré ou de force, ou « venir accompagné par » quelqu’un ou quelque chose qui peut se déplacer tout seul, par conséquent (comme une voiture).
On « mène à ».
Apporter c’est « porter à » quelque chose qu’on tient donc dans ses mains ou ses bras.
On ne peut donc pas plus amener un livre qu’on ne peut apporter sa grand-mère (sauf si elle s’est évanouie, et alors on la porte).

Après que :
vous aurez lu ce qui suit, vous devriez être éperdus d’admiration devant la subtilité de notre langue.

Tout un chacun sait en principe qu’on met le subjonctif derrière avant que. On dit « avant que nous ayons » et non « avant que nous avons ».
En revanche beaucoup ignorent que c’est une erreur de le mettre derrière après que et qu’il y faut au contraire l’indicatif, même si ça semble bizarre à l’oreille à cause de l’habitude qu’on a d’y entendre le subjonctif.

Pour savoir comment il est correct de dire, il suffit de remplacer après que par quand ou lorsque.
On dit « quand tu as », « lorsque vous avez » et non « quand tu aies », « lorsque vous ayez ».
Eh bien de la même façon il faut dire « après que tu as », « après que vous avez », et non « après que tu aies », « après que vous ayez ».
Bon, c’est valable pour aussi pour je, il, nous et ils, bien entendu.

Pourquoi ? Mais la raison en est délicieusement remarquable !
C’est parce que le subjonctif, qui n’est pas un mode grammatical très facile à manier, il faut l’avouer, s’emploie après n’importe quel temps pour exprimer un doute, un souhait ou des faits incertains, une action non accomplie, envisagée ou hypothétique, par contraste avec l’indicatif, qui est censé rapporter les faits réels.
Il s’emploie donc avec des verbes ou dans des tournures de phrases exprimant l’envie, le souhait, le désir, l’émotion, l’obligation, le doute, l’incertitude ou l’inaccompli.
Or, avant d’avoir fait quelque chose, ce quelque chose n’a pas été fait. En principe tout le monde peut comprendre ça. D’où le subjonctif qui doit suivre avant que.
Mais une fois qu’une chose est passée, il n’y a pas de doute sur le fait qu’elle est derrière. Par conséquent c’est bien l’indicatif qui convient derrière après que.

Bon, ensuite peut s’élever un débat sur la relativité du temps, la perception qu’on en a, l’incertitude du vécu, la notion du réel, sur qui on est, quand on est, la durée de cuisson des nouilles et la plume de ma tante, mais c’est une autre affaire, en vérité.

Audible :
Un mot à la mode depuis relativement récemment.
Ce qui, pour ma part, est tout à fait audible la plupart du temps quand je l’entends utilisé aujourd’hui, c’est un snobisme certain de la part de ceux qui doivent trouver très chic de le dire à la place de admissible, acceptable ou recevable, par exemple.
Il veut exclusivement dire « d’un niveau sonore perceptible par l’oreille ».
Mais ça fait trop bien de dire d’un air entendu (subtil, le jeu de mots) : « Son discours n’est pas audible ».
A quoi j’ai toujours envie de suggérer : « Bah, achete donc un sonotone, coco ! »

Aujourd’hui :
tellement souvent prononcé « aujOrd’hui »… quand il n’a pas le malheur, pour faire plusse élégant sans doute, d’être précédé d’un « au jour de »…
J’en ai vu apparaître la mode il y a quelques décennies.
Qui sait que aujourd’hui est déjà un pléonasme ? En effet, aujourd’hui est composé de 4 termes (au, jour, de, hui), dont un, hui (qui vient du latin hodie), signifie à lui seul « le jour présent ». Ce pléonasme est entré dans la langue courante depuis longtemps. On peut donc imaginer que le double pléonasme « au jour d’aujourd’hui » devienne un jour (pas d’hui) la tournure normale.
Et je ne désespère pas que quelqu’un trouve bientôt beaucoup plus chic encore de dire « au jour du jour d’aujourd’hui » !

Bailler, bâiller, bayer :
De l’utilité, une fois encore et quoi qu’on en dise, de l’orthographe.

Démonstration :

  • Bailler veut dire donner, et ne se rencontre plus guère que dans l’expression « vous me la baillez belle », devancée dans les conversations depuis un moment par « z’y va ta mère en string ».
    Les mots bail et bailleur en sont dérivés (pas du string, vous avez compris).
  • Bâiller (ne pas écrire baîller), n’a exactement rien à voir avec son homonyme précédent et signifie ce qu’on fait quand on est fatigué, ou encore ce que vous faites peut-être maintenant en me lisant.
  • Bayer, synonyme de béer dont on utilise essentiellement aujourd’hui le participe présent béant, est dérivé du précédent, bâiller. Il en a un sens proche mais différent toutefois.
    Il signifie « avoir la bouche grande ouverte ». De là a procédé le sens de « aspirer à, désirer ardemment » et de « demeurer la bouche ouverte dans une attitude passive d’étonnement, d’admiration ».

Depuis le XVIIe siècle le mot a presque cessé de s’employer sauf dans la locution bayer aux corneilles (que la plupart des gens écrivent à tort « bâiller ») signifiant  « rêvasser, perdre son temps à regarder en l’air niaisement », généralement remplacée à présent par la locution « choqué sa race ».

On est en droit de se demander ce que viennent faire les corneilles dans l’histoire plutôt que les pingouins ou les sittelles torchepots.
Or le mot ne désigne peut-être pas du tout ces volatiles. La valeur propre n’en est pas claire.
On peut penser en effet que l’expression signifie « regarder une chose aussi insignifiantes que l’est la corneille pour le chasseur » (on ne sait d’ailleurs pas trop pourquoi elle est insignifiante, mais elle a en tout cas de la chance puisqu’elle peut donc espérer ne pas se faire farcir le croupion par une des balles dont un million de chasseurs pourrit en saison les promenades dominicales à la campagne auxquelles 66 millions de leurs compatriotes pourraient aspirer), mais peut-être signifie-t-elle en fait « regarder une chose aussi insignifiante que l’est le fruit du cornouiller pour l’amateur de fruits ».

On ne sait pas à quoi s’en tenir, apparemment. Mais, quoi qu’il en soit,il faut vraiment que je me renseigne pour savoir s’il est vraiment justifié de déprécier ce pauvre arbuste qui n’a rien demandé à personne et en tout cas pas de figurer dans le guide Michelin, alors pourquoi le stigmatiser ainsi ?

Cela dit, tout ça est quand même passionnant, non ?

Brexit :
Le sujet aura été envoyé aux oubliettes pendant un temps par l’ami 19.
Je vous concède que ce serait indécent de ma part de remercier ce dernier pour ça (comme pour quoi que ce soit d’autre, d’ailleurs, même si l’on peut considérer qu’il fallait lui trouver un but pédagogique), mais je dois à la vérité de vous avouer que ça a soulagé un peu mes tympans.
Non pas pour le sujet lui-même, mais pour le mot dont beaucoup trop de gens le prononcent « Brekssitt » d’une façon qui a le don de me faire… krincer des dents…
Or Brexit est la contraction de « British exit » et non de « British tu m’excites » (ou alors on parle de Kate Middleton mais, vertuchou, c’est une princesse et je ne permettrai pas), et exit se prononce « egzitt » que je sache. Aucune raison, par conséquent, de lui donner du « kss » et non du « gzz ». N’est-ce pas egzact ?

Il est vrai que ça demande un tout petit peu plus d’effort d’articulette de dire « Bregzitt » au lieu de « Brekssitt » et que ça fatigue donc davantage la gorge.
Ouh… En demanderais-je trop ?

But :
Tout le monde (et moi y compris, même encore maintenant que j’ai découvert à quel point on en fait une utilisation abusive) emploie très mal ce mot.
Et vous allez voir pourquoi.
Dans le but : on n’en prend pas conscience, mais cette façon de dire est niaiseuse, en réalité. Eh oui !
En effet, nous dit le Littré, on n’est pas dans un but, car si on y était il serait atteint.
Cette locution serait justifiée si l’on donnait à dans le sens de pour, mais dans n’a en aucun cas un emploi de ce genre.
La locution ne peut s’expliquer ni par le sens de but, dans lequel on n’est pas, ni par l’emploi de dans, qui ne marque jamais quelque chose à atteindre.
Il est donc préférable de l’éviter et de dire à la place en vue de, afin de, dans l’intention de, dans le dessein de, à l’effet de, avoir pour but, quel est le but ?
On peut aussi, et plus simplement peut-être, dire pour à la place de dans.

Mais ce n’est pas tout, que nenni, faut pas croire !
But final est un pléonasme, but étant une fin qu’on se propose.
Poursuivre un but est considéré comme incorrect par la plupart des grammairiens (bah oui, on ne court pas derrière) même si cette locution se rencontre dans le dictionnaire de l’Académie. On peut la remplacer par tendre à/vers un but, ou bien employer une autre tournure (le but que nous recherchons, que nous visons, notre but est…).
Remplir un but est critiqué par Littré. On atteint un but, on ne le remplit pas. Sauf, au foutebole, d’un ballon. Mais c’est autre chose.

Et voilà. Je sais, ça perturbe.
N’empêche, comme disait Sherlock, tout ça est puissamment raisonné, n’est-il pas ?

Capitalisme et communisme :
Tout le monde a compris depuis longtemps que ce sont deux systèmes très différents. Et mon propos n’est pas de prétendre le contraire mais simplement de faire remarquer qu’il n’y a aucune raison, mais alors aucune, de prononcer « iZme » toutes ces finales en « iSme ». Pas plus qu’on ne dit « autiZme », « graphiZme », « sexiZme », ou encore « optimiZme », on ne doit dire « touriZme », « socialiZme », « professionnaliZme », « égoïZme », et ainsi de suite. Ou alors il faudrait dire « touriZte », « socialiZte », et avoir l’air enrhumé en permanence. Et, au fait, on ne dit pas « fantaZme » non plus.

Carousel :
L’arc de triomphe devant le Louvre, vous connaissez ? Eh bien beaucoup s’obstinent à le prononcer « caroussel », sans doute une vieille réminiscence inconsciente de Cadet Roussel, alors qu’on doit bel et bien dire « carouzel » puisqu’il n’y a qu’un seul s entre deux voyelles, comme dans rosée, par exemple. D’ailleurs il a des colonnes roses, tiens !

Ceci, cela :
Plus personne, en France en tout cas, ne fait la différence entre ces deux pronoms démonstratifs, dont le premier est d’ailleurs extrêmement peu utilisé aujourd’hui chez nous (et, lorsqu’il l’est, c’est paradoxalement le plus souvent dans une expression employée de manière fautive).
Pourtant ils ne disent pas la même chose ! Ceci désigne ce qui est proche de nous ou ce qui va suivre (donc se rapproche), alors que cela désigne une chose éloignée ou ce qui précède (donc s’éloigne).
Par conséquent il est malheureux de dire ceci dit au lieu de cela dit qui s’impose puisque, comme la chose a été dite, elle précède et s’éloigne.
En toute logique, si on réfléchit bien, ceci dit signifie : « une fois dit ce que je vais vous dire ».

Choqué :
Très étrange cette façon inverse aujourd’hui, que je lis partout, d’utiliser ce mot en le détournant de son sens « je suis choqué » pour dire, même quand on l’est agréablement, « je suis étonné ».
Choquer c’est heurter avec plus ou moins de violence. Etre choqué c’est être blessé, offensé, ressentir par conséquent quelque chose qui n’a rien de plaisant.
Moi, ce glissement de sens choque mon bon sens.
Les Anglo-Saxons ne s’y trompent pas (pas encore ?), pour qui « I am shocked » ou « it is shocking » signifient bel et bien qu’ils parlent de quelque chose qui heurte et secoue d’une façon peu plaisante.

Con… -finer et -venir :
ont un point commun. Ils peuvent en effet tous les deux s’utiliser avec l’auxiliaire avoir et l’auxiliaire être.
Mais occupons-nous du second, on en a un peu ras la casquette du premier.
Selon le sens qu’on veut donner au verbe convenir, il faut en principe ne pas utiliser le même auxiliaire.

Avec avoir il signifie être convenable pour, être approprié, plaire.
Exemples :
• Ce meuble m’a convenu, je l’ai acheté.
• On délibéra sur ce qu’il aurait convenu de faire.
• Il a convenu pour le poste, il a donc été engagé.

Avec être il signifie tomber d’accord, admettre, arriver (venir) ensemble à la conclusion que, décider de.
Exemples :
• Vous êtes convenus de vous rencontrer demain.
• Nous n’étions pas convenus de ça.

Bon, c’est en tout cas la règle littéraire car l’usage tend à employer avoir comme seul auxiliaire dans les deux cas.
Mais c’est dommage, je trouve.
La finesse y perd.
C’est vous qui voyez !

Consécutif :
Voilà un mot qu’on aura beaucoup entendu pendant la crise sanitaire du Covid-19 et, ce qui m’aura d’ailleurs été appris à moi-même à cette occasion, qu’on aura aussi employé bien souvent d’une façon inadéquate.
« Pour le ixième jour consécutif » est en effet un solécisme ou, autrement dit, une façon incorrecte d’utiliser ce terme.
Il convient de dire d’affilée, successif, ou encore et plus simplement de suite (comme le font quelques journalistes).
En effet, au singulier, consécutif est forcément suivi de à.
Quelque chose est « consécutif à autre chose », c’est-à-dire « suit autre chose » et une autre chose expressément désignée.
« Votre étonnement consécutif à la lecture de ces lignes ».
Sinon le mot ne peut être utilisé qu’au pluriel.
« Vous en êtes restés abasourdis pendant trois jours consécutifs ».
Mais il ne convient pas de dire « Vous en restez sans voix pour le troisième jour consécutif ».
Surtout que vous en resterez étonnés bien plus longtemps. Mais ça, c’est une autre affaire…
Bon, c’est un petit peu sioux et demande un instant de réflexion, mais on y arrive (la preuve, j’y suis parvenu) si on rassemble la logique et ses neurones.

De… dont :
Une erreur largement répandue, aussi, celle-là !
Il faut dire soit :
– c’est de ça que je parle
soit :
– c’est ça dont je parle (et non  » de ça dont je parle » qui revient à dire « de ça de quoi je parle puisque dont veut déjà dire de quoi).
Evidemment on peut trouver d’autres exemples, comme « c’est moi dont (ou de moi que) vous êtes fan et pas de… qui vous voudrez d’autre… » et non « c’est de moi dont… ».

Dénoter :
qu’on confond allégrement avec détonner (ou détoner, ce qui est encore autre chose, d’où l’importance de l’orthographe).
« Ah, ça dénote ! » quand on veut dire « ah, ça détonne ! ». Oui, oui, on peut même entendre ça dans la version française de Elephant man.
Dénote veut dire indique, signifie, note que : « son expression dénote la peur ».
Détonne veut dire n’est pas dans le ton, contraste, choque : « couleurs qui détonnent ».
Et détone veut dire produit une détonation, explose avec un bruit violent.

Denture
:
dont plus personne ne connaît l’existence, et qui est en train de mourir d’abandon dans son coin. Osez d’ailleurs l’utiliser à la place de dentition et, sauf si vous parlez à un dentiste (et encore), vous lirez probablement dans l’oeil de votre interlocuteur quelque chose comme  » je lui dis qu’il devrait prendre des cours de français ? ».
Or la dentition est la formation, l’accroissement et la sortie naturelle des dents (on a donc deux dentitions au cours de sa vie), alors que la denture est l’ensemble des dents et l’ordre dans lequel elles sont rangées.
C’est la même différence qu’il a entre musculation et musculature.
Pas du tout la même chose, mon capitaine !

Dompteur :
dans lequel le p doit rester muet, évidemment ! Mais apparemment il est parti pour rester définitivement sonore.
Là encore sans doute est-ce dû au fait que ce mot ne s’utilise presque jamais dans le langage parlé. On se contente de le lire, alors on le prononce comme on le voit écrit : « dompe-teur ».
Peut-être qu’un jour on se mettra aussi à parler de son « compe-table », de « compe-tenbanque », de « compe-teurs » électriques, de « sculpe-tures », et qu’on dira « il la quitte, il rompe-te avec elle » ?

Eh bien :
Eh oui ! Eh non, ça ne s’écrit pas avec un et, conjonction de coordination (mais, ou, et, donc, or, ni, car), mais avec un eh qui est un interjection, comme oh ou ah, et qu’il ne faut pas confondre avec le ou le ho qu’on lance pour appeler quelqu’un, ou encore le ha qu’on soupire en agonisant.
Et voilà (avec un et de coordination et non d’interjection) !

Envi et voire :
(ou les fantaisies du e muet)
n’ont aucun rapport avec envie et voir.

À l’envi est une locution formée à partir de l’ancien français envi (défi au jeu, provocation, rivalité), qui n’a pas du tout la même origine que son homonyme envie avec un e.
Le sens de cette locution a évolué pour signifier aujourd’hui avec émulation, à qui mieux mieux, comme s’ils rivalisaient entre eux.
« Ce sont des amants jaloux qui servent à l’envi la même maîtresse » a écrit Voltaire.

Voire est issu du latin populaire vera (vraiment) et n’a lui non plus rien à… voir… avec son homonyme voir sans e muet, avec lequel on le confond pourtant presque toujours.
Il s’emploie aujourd’hui :
soit, par plaisanterie, pour nier, marquer l’ironie ou émettre un doute
soit, et surtout, au sens de même, et même.

La locution voire même, qu’on rencontre sous des plumes autorisées, a été jugée par certains grammairiens comme pléonastique.
Elle ne l’est que si l’on retient le sens actuel de voire, c’est-à-dire même, alors qu’il faut le considérer en réalité avec le sens originel de vraiment.

Etc. :
On peut en dire, des choses, sur ces 3 modestes petites lettres qui n’ont l’air de rien !

D’abord que c’est l’abréviation d’une locution (qu’on peut écrire et cetera, et cætera, et caetera, voire etcétéra) issue du latin médiéval et cetera desunt qui signifie et d’autres choses manquantes, ce qu’on ignore souvent.
Si vous amenez bien la chose, avec ça aussi vous pourrez faire votre effet dans un dîner. Evitez toutefois de profiter du moment où l’on vous propose encore du gigot pour demander si quelqu’un dans l’assistance connaît l’origine de cette locution. Ça tomberait à plat dans la sauce. Faites preuve de subtilité et choisissez le bon créneau pour intervenir avec votre savoir si vous ne voulez pas passer pour un cornufle.
C’est d’ailleurs valable pour tout, à la réflexion.

Ensuite que cette abréviation est toujours précédée d’une virgule, et suivie d’un point pour signifier qu’il s’agit d’une locution qui a été abrégée. L’erreur courante consiste à la faire suivre de points de suspension.
Ecrire etc… avec des points de suspension est en effet redondant puisqu’ils signifient tous les deux la même chose, c’est-à-dire qu’une liste n’est pas exhaustive.
Il faut donc choisir.
C’est
soit : etc.
soit : …

Et puis qu’on doit éviter d’employer etc. à la fin d’une énumération de noms désignant des personnes, surtout si ces noms sont des noms propres.
Cela peut être considéré comme péjoratif, méprisant ou même insultant.
En effet, l’usage du pluriel neutre en latin (cetera) fait référence à des choses.
Il n’est donc pas recommandé de dire par exemple : « Les comédiens qui doublent DBZ, c’est-à-dire EL, EL, EL, etc. »
On tournera la phrase autrement : « Les comédiens qui doublent DBZ, c’est-à-dire EL, EL, EL, les autres ne méritant pas vraiment d’être cités ».

Et encore qu’on peut les répéter à l’oral (« et cetera, et cetera ») mais qu’à l’écrit un seul etc. suffit.

Enfin, et surtout, que c’est
° ATTENTION je réclame votre concentration °
une grossière erreur de dire « ekcétéra » au lieu de « ette cétéra », ce qui va bien sûr aller de soi pour vous maintenant que vous avez lu cette passionnante publication.

Gestion, suggérer, suggestion :
C’est probablement parce que ça fait plus élégant qu’on trouve bon parfois de les prononcer d’un ton un peu mou, comme désabusé et supérieur, en disant « gession », « sujérer » et « sujession » ?
Bah oui mais non, la question (qu’on ne prononce pas « quession », n’est-ce pas ?) ne se pose même pas, on doit dire « gessT-ion », « sugue-gérer » et « sugue-gessT-ion » et puis c’est tout. D’autant que le mot sujétion existe et ne veut pas dire du tout la même chose.

Low cost :
Déjà, quitte à utiliser une expression anglaise, autant la prononcer correctement et, sur cost, ne pas dire le o de low (comme dans gros), ce qui fait alors entendre « low coast » et n’a plus aucun sens, mais un o comme dans pomme (et qu’on ne m’accuse pas d’être sponsorisé par quelque marque célèbre que ce soit), que ça me flingue le nerf auditif à chaque fois. Ce qui, vous en conviendrez, fait beaucoup après les molaires que le « Brekssitt » m’a déchaussées.

Mais surtout on pourrait dire bas prix, ou bas coût*, ou au rabais.
Ce serait infiniment moins chic, sans doute, mais est-ce qu’on y perdrait vraiment ?

Plus nous sommes envahis dans la publicité de Black fridays, de SFR enjoy et autres Renault days (une entreprise française quand même, on aurait envie de le rappeler aux responsables de la communication ; et, non, ça n’a rien avoir avec du chauvinisme quand je dis ça), plus j’ai envie de supplier les Québécois de venir effectuer des raids pas z’aériens mais linguistiques dans nos médias.

Et qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit. Bien sûr que certains anglicismes très pratiques, voire très utiles, sont entrés dans le langage courant et sont à présent quasiment incontournables sinon indispensables.
Je parle moi-même par exemple de mails et non de courriels (hélas, car ce terme est beaucoup plus joli et élégant, à mes yeux en tout cas).

J’avale de travers le « i-commerce » parce qu’à ma connaissance le e de électronique ne se prononce pas i en français, et que je ne vois pas bien la raison pour laquelle il faudrait admettre que dans e-commerce le mot français soit précédé d’une lettre à prononcer à l’anglaise. Mais bon, c’est acquis, on ne peut plus que s’incliner.
En revanche, que la publicité nous épargne, par pitié, et se contente des solécismes, des mauvaises prononciations et des fautes d’orthographe dont elle nous abreuve déjà ! Cette déferlante d’expressions anglaises est prétentieuse, inutile et exaspérante. En tout cas à mes yeux. Et ça me fait du bien de le dire.

Ça me rappelle cette série allemande, Le destin de Lisa, dans la version française de laquelle la chaîne de télévision qui la diffusait chez nous a voulu que soient bannis tous les noms de lieux qui marquaient trop que l’histoire se situait à Berlin, et qu’un certain nombre de prénoms trop germaniques soient remplacés par des prénoms anglo-saxons. Je pense que tout le monde aura été dupe, bien sûr, et aura imaginé que les protagonistes s’agitaient du côté de Miami. Ce qui est infiniment plus glamour, bien entendu.

* Coût, cou et coup ont le bon goût de s’écrire différemment (mais allez savoir pour combien de temps encore puisqu’il faut d’après certains se débarrasser de la tyrannie discriminatoire de l’orthographe), ce qui permet de les différencier dans un texte et peut donc ne pas être inutile à l’occasion.
Imaginez un peu : « kou bas » voudrait dire quoi ? « Pas cher », « La tête au ras des épaules », ou bien « Traîtrise de fucking son of a bitch » ?

Mai, muguet, et autres… :
On pourrait penser que c’est l’approche des beaux jours à ce moment de l’année et l’envie de soleil qui font qu’on les prononce de plus en plus souvent avec l’accent du Midi, c’est-à-dire avec un é comme dans bébé.
« J’habite à Beauvé, je fé comme tous les Françé, j’offre du mugué au mois de mé, je mange du poulé ça me plé, et apré ? ».

Si on ne vit pas dans le pays des cigales on se doit de leur mettre un è comme dans tête.
Il n’y a évidemment pas que ces mots-là, d’ailleurs, dont la finale est ainsi torturée à tour de prononciation, puisque tous les mots terminés par et, aie, ais, ait, ès, doivent se prononcer avec ce ê qu’on trouve aussi dans bête, ou être, ou verre, ou mer, ou grec, ou (association d’idées ?) fesse, ou (pour être plus délicat) : « J’ai vu la tête de cette belle Française à la messe, elle n’est pas laide, quel rêve ! ».

C’est non seulement vilain, cette façon de fermer cette pauvre finale quand elle n’a pas à l’être, mais ça peut aussi prêter à confusion si on prononce de la même façon des mots qui ont des sens complètement différents : ticket et tiquer, muet et muer, filet et filer, soufflet et souffler, par exemple.

On notera toutefois cette bizarrerie qui fait que le futur en ai doit normalement se prononcer é alors que le conditionnel en ais doit se prononcer ê. Evidemment, personne ne fait plus la différence, dans un sens comme dans l’autre d’ailleurs (différence pourtant utile, puisqu’il s’agit de deux significations complètement opposées). Il faut dire aussi que plus personne ne la fait en écrivant, ce qui est encore beaucoup plus ennuyeux.

Minimum, distance, espace :
ont eu du succès à la reprise du travail au moment de la crise sanitaire du Covid-19.

Avec la reprise du travail, on s’est mis à beaucoup parler des open space, par exemple.
Ce qui me rappelle à chaque fois qu’on le fait que, pour le cas où je l’aurais oublié, je n’habite pas au Québec où l’on a certainement le bon goût à la fois de parler plutôt d’espaces ouverts et, quand on utilise un mot anglais, d’aller au bout du truc et de prononcer le s final qui s’impose au pluriel, en somme, mais qu’on omet allègrement chez nous, allez savoir pourquoi, alors même qu’on veut faire genre en causant grand breton. Mais bon.

Le côté positif du truc, à mes yeux, c’est qu’il semblerait que, crise sanitaire oblige, on se soit rendu compte qu’il faudrait revenir sur cette conception de l’espace de travail que, pour ma part, je trouve absolument épouvantable.

On pourrait d’ailleurs parier que ceux qui imposent ça à leurs employés ont des petits (ou grands) bureaux individuels bien tranquilles et confortables, de la même façon que les architectes et les promoteurs qui nous concoctent d’ignobles tours en béton doivent habiter de ravissantes petites maisons fleuries ou des appartements à boiseries dans des immeubles du XVIIIe siècle.

Minimum et maximum, quant à eux, font partie de ces mots usuels latins à demi francisés sur le pluriel desquels on a longtemps hésité (des minimums/des minima).
Mais leur usage est devenu si courant qu’il n’y a pas de raison pour que le pluriel français ne leur soit pas appliqué au même titre que pour album, critérium, mémorandum, référendum, etc.
D’ailleurs si l’on tient à respecter la grammaire latine en parlant de minima sociaux, alors il faut aussi parler de référenda ou encore d’alba pour enfants, ainsi que respecter également les cas de la déclinaison et dire le prix maximus, des efforts minimi, etc.

De plus les mots maximum et minimum sont à employer de préférence uniquement comme noms.
En adjectifs il est préférable d’utiliser maximal et minimal.
Du reste, pour une fois les médias nous montrent le bon exemple en parlant bien de températures maximales et minimales.
Il feraient donc bien d’appliquer la même règle tout le temps.
De la même façon il est recommandé de dire optimum et optimal.

Ainsi se trouve réglé de façon heureuse l’emploi de mots qui ont fait couler beaucoup d’encre.

Mais vous voulez parier que la distance restera minimum et ne sera jamais minimale, contrairement à la température ?

Ajoutons que maximum étant un superlatif il est inutile de le faire précéder de grand. Au grand maximum est un pléonasme.
Et il convient de dire « les risques sont réduits au minimum » et non « au maximum ». C’est la réduction en elle-même qui est maximale. Les risques, pour leur part, sont au minimum.

Ajouterai-je que parler de scénarii est une affectation un peu sotte pour les mêmes raisons de francisation de ce mot (qui, en italien, ne prend d’ailleurs pas d’accent)?
Ou alors parlons du confetto et du spaghetto qu’on a ramassés sur le tapis après la fête.

Oesophage et votre serviteur :
ont deux points communs.
Non, pas l’indigestion. Encore que peut-être certains le penseront-ils arrivés à ce point de leur lecture, s’ils ont eu le courage d’aller jusqu’ici.

Le premier ?
Le son : « Leugrand, « eusophage ».

Le second ?
Le son.
Car on a tort tout court de ne pas dire plus souvent Legrand étant donné qu’on devrait en parler beaucoup plus fréquemment, en tout cas dans son métier, ça tombe sous le sens.
Et on a tort de dire de cette façon oesophage alors que la prononciation  correcte est en principe « ésophage », ce qui ne tombe plus du tout sous le sens.

Eh oui, é ! De la même façon qu’à juste titre foetus est prononcé « fétus » et non « feutus » car le œ doit ou devrait bel et bien se dire toujours é.
A ne pas confondre, bien sûr, avec œu et œi qui, pour leur part, se prononcent bien comme dans œuf, bœuf, mœuh et oeil.

Néanmoins, puisque tous les médecins parlent aujourd’hui « d’eudème », qu’on se ferait regarder de travers par les « eunologues » même quand ils n’ont pas bu si on leur parlait « d’énologie », et que le brave curé de notre paroisse avalerait peut-être son vin de messe de travers quand il le boit, lui, si on lui parlait « d’écuménisme », on doit considérer que la prononciation a évolué.

Oedipe cependant a la chance parfois, au théâtre, d’échapper à cette évolution que mon effroyable conservatisme linguistique me fait déplorer.

Certains y ont en effet à coeur de le prononcer correctement « édipe ». Hélas les théâtres ne sont pas si fréquentés que ça et, surtout, on joue rarement des pièces où l’on parle d’Oedipe.
Et ce n’est pas chez son psy qu’on apprendra à prononcer correctement ce nom puisqu’il est supposé se taire pour vous laisser parler de vos complexes, ne pas les commenter et surtout ne pas vous reprendre sur votre façon de parler. Ce qui tendrait à prouver que je suis loin d’être un psy, pour le cas où on ne l’aurait pas remarqué.

Opportunité :
Employer opportunité dans le sens de occasion, comme on le fait maintenant presque systématiquement, est un anglicisme (opportunity).

Opportunité est un substantif de caractère abstrait.
On juge, on discute de l’opportunité d’une décision, d’une mesure, on considère si elle convient au temps, au lieu, si elle se produit à propos, c’est à dire si elle a un caractère opportun.

Occasion désigne une circonstance particulière. Et l’occasion est opportune si elle favorise un dessein et est propice à ce qu’on entreprend.
On cherche l’occasion, on la guette, on lui saute dessus ou bien on la laisse échapper. On profite de l’occasion, d’une occasion. On a l’occasion de….
Opportunité est donc en principe impropre dans tous ces exemples.

Mais le mot a envahi la langue à présent, à vous de voir si vous considérez qu’il est opportun de l’employer ou non à l’occasion.

Prêt à, près de :
Comme ça se prononce de la même façon au masculin, forcément on s’embrouille fréquemment dans la façon de l’écrire et il y a souvent du mou dans les cordages avec le féminin.
Prêt à veut dire préparé à, et fait prête à au féminin.
En disant prête de on confond avec près de qui veut dire à côté de, proche de, ce qui n’a rien à voir.
On dit « Je suis près de toi mon Dieu, mais je suis quand même prête à faire la fête »… sauf quand on est une religieuse, ça va de soi. Là on se prépare généralement à autre chose qu’à aller danser le twist.

Raids
:
Ah, ces épouvantables « raidZaériens » qui tuent des gens mais qui massacrent également le français (bon, d’accord, c’est un peu moins grave).

Depuis quand le s du pluriel se prononce-t-il ? Depuis qu’on cherche à éviter les hiatus entre deux voyelles, sinon il est muet. That’s all folks ! Donc on les laisse aériens et on remise le Z.
Sauf si on veut parler des « raides aériens », bien sûr, mais alors ça veut dire autre chose et je ne tiens pas à savoir quoi. Car dès qu’il y a un e avant, même s’il est muet, la liaison du s non seulement se justifie avec la voyelle qui précède le mot suivant (en tout cas s’il s’agit d’un adjectif, pas d’un verbe bien sûr, on ne dit pas « ces filles z’ont de drôles de manières »), mais s’impose souvent. On ne dit pas les « êtrumains » mais les « êtres z’humains », par exemple (le h étant un h non aspiré, muet).

Mais les films n’ont pas à être Zindustriels, par exemple, les vols Zannulés, les blocs Zopératoires, les clubs Zétrangers, les massifs Zalpins ni les Grecs Zanciens ou Zempapaoutés. Sans oublier les parcs Zet jardins…
Ou alors ce sont des filmes, des voles, des bloques, des massifes, des Grecques et des parques.

Il est vrai qu’on a pris l’habitude de dire « les meilleurZamis », par exemple, ou encore « plusieurZenfants », et que cela sonnerait curieux de ne pas faire la liaison avec un certain nombre de mots au pluriel (souvent ceux qui se terminent par un r qui, lorsqu’il n’est pas roulé, est une consonne douce), même si elle n’est pas nécessaire.

Et nécessaire elle l’est parfois, voire indispensable, pour faire entendre  un pluriel qui n’est pas évident à l’oreille. Comme lorsqu’on la fait entendre par exemple dans « leurs enfants » (sans liaison on ne saurait pas s’ils en ont un ou plusieurs), ou « aux jours heureux », ou encore Valeurs actuelles.

Mais au moins évitons-la quand elle est vraiment inutile, que le pluriel ne fait pas de doute.
Et, tiens, inutile elle l’est totalement avec toujours, qui n’a pas l’excuse du pluriel ! Dire « toujourZest-il » est une préciosité sans aucune justification.

J’attends d’entendre un journaliste qui cause encore plusse bien que les autres nous parler des « kiltZécossais » qui ont envahi les gradins de tous les « matchZamicaux » (puisque le pluriel français « matchs » est préféré à présent au pluriel anglais « matches » avec lequel la liaison serait valable) entre les Ecossais et les qui vous voudrez.

Repartie :
Hélas le mauvais usage prévaut à présent et il a dû entrer dans le dictionnaire mais qui sait maintenant qu’on ne devrait pas écrire répartie mais repartie et que ça devrait donc se prononcer « reu-partie » ?
Bah oui ! On répare un objet, on répartit des bonbons entre des enfants, mais on part à la mer et on en repart pour rentrer chez soi. Et le mot repartie vient du verbe repartir, tout bonnement, qui veut aussi dire « répondre vivement, sur-le-champ » (il ne lui a reparti que des impertinences).
Tiens, lisez Le Misanthrope de Molière, par exemple. Arsinoé y dit à Célimène « Je ne m’attendais pas à cette repartie, Madame, et je vois bien, par ce qu’elle a d’aigreur, Que mon sincère avis vous a blessée au coeur ».
Jean-Baptiste n’a pas écrit répartie ! Mais de nombreuses comédiennes, malheureusement, semblent ne pas savoir que et re ne se prononcent pas de la même façon…
Les exemples foisonnent dans les fables de La Fontaine.

Rébellion :
A l’inverse, tiens, on entend souvent parler de « reu-bellion ». Je suppose que c’est parce qu’on dit « reu-belle ». Oui mais non ! On dit « reu-belle » mais « ré-bellion ». C’est illogique sans doute mais c’est comme ça. Et ça s’écrit d’ailleurs bien é.

Rouvert :
Ah ! puisqu’on est dans les re, tiens…
N’oublions pas qu’on ne dit pas réouvert mais rouvert du verbe rouvrir. Eh oui ! Là aussi c’est illogique, puisqu’on parle bien de réouverture, mais c’est comme ça. En vérité la raison provient de la formation de ces deux mots qui ne s’est pas faite en même temps, le verbe étant venu en premier.
D’accord, le Petit Larousse (mais c’est le seul ouvrage de ce genre à l’avoir fait) a intégré, et assez récemment, le verbe réouvrir, mais il rappelle néanmoins que l’utilisation n’en est pas conseillée.

Se rappeler, se souvenir :
que se souvenir se construit avec un complément d’objet indirect, alors que se rappeler se construit avec un complément d’objet direct.
On dit par conséquent « se souvenir de quelque chose » mais « se rappeler quelque chose » et non « se rappeler de quelque chose ».
Et il convient donc aussi de dire « je m’en souviens » (en signifiant de ça) et « je me le rappelle ».
Je me souviens de ça, je me souviens du jour où, je me souviens de la fois où…
Je me rappelle ça, je me rappelle le jour où, je me rappelle la fois où…

Soi-disant :
signifie « qui se dit lui-même » (par la parole).
Il est donc correct d’employer cette locution ainsi, par exemple :
« Soi-disant, EL n’est pas un doubleur » (même si c’est idiot puisque cette formulation exprime un doute de la part du narrateur), mais il est assez peu recommandé de dire d’une théière, d’une armoire ou d’un chandelier, encore par exemple, qu’elle est « soit-disant du XVIIIème siècle » puisque (sauf au cinéma et sauf preuve du contraire ) ce ne sont pas des êtres vivants susceptibles de parler et de dire quelque chose les concernant (le siècle n’ayant rien à voir dans l’histoire, on l’aura compris).

Comment faire, alors ?
Eh bien le français met à notre disposition quelques mots très pratiques comme prétendu (ou prétendument), supposé, présumé

Par ailleurs, soi-disant ne peut être employé que pour évoquer une personne qui revendique telle ou telle qualité, tel ou tel état, et non pour évoquer une personne à qui on les prête.
S’il est par conséquent justifié de dire « le soi-disant comédien » (sauf quand on parle de moi, évidemment, toujours à cause du doute de la part du narrateur), il est incorrect (et passablement sot) de dire « le soi-disant coupable » car, en toute logique, la suspicion sur sa culpabilité provient du narrateur et non de l’accusé lui-même (soi) qui se déclare innocent. Présumé s’impose, dans cet exemple.

Enfin, disant est invariable (« soi-disante » est un abominable barbarisme), et soi pronom personnel (comme moi ou toi) ne doit pas être confondu avec soit (qui peut être ou une forme du verbe être, ou un adverbe, ou une conjonction).

Un :
Qu’on se réconcilie avec le un, nom d’un petit pois !
(De l’utilité de l’orthographe : si j’avais écrit « avec le Hun » vous auriez le droit d’être perplexes à l’idée que je considère que nos relations diplomatiques avec Attila ne sont pas bonnes)

Eh oui !
Au coin avec un bonnet d’âne la SNCF qui a fait dire à Simone, sa voix un…ique (subtil, le jeu de mots), « voie une ».
Au piquet les responsables de la RATP avec la « ligne une ».
A l’amende les annonceurs publicitaires avec leur « catégorie une » (sauf Carrefour qui n’a pas fait l’erreur).

Car, mesdames et messieurs, dans le cas des numérotations la formulation correcte est voie un et non « voie une », ligne un, catégorie un, de la même façon qu’on dit page un, même si cela peut sembler bizarre à l’oreille.
Il suffit de se souvenir qu’on veut dire « voie (ligne, catégorie) numéro un », et qu’il tombe (en principe) sous le sens qu’on ne dit pas « numéro une » comme je l’ai entendu faire par un présentateur de télévision très connu (non, je ne donnerai pas de nom) qui est le champion du mauvais parler.

Voilà, voilà, hein !

La mort du H aspiré :
Les h qui commencent tous les noms propres et les noms communs étrangers, ou quasiment, sont aspirés. En tout cas en anglais et en allemand.

Les armées Ditler, les stars Dollywood,  les masques Dalloween, les sorts Darry Potter, les discours Dillary Clinton et les surfeurs Dawaï n’ont pas grand-chose en commun, à part un pauvre petit h aspiré dont il faudrait donc réapprendre à quasiment tout le monde ce que c’est, de sorte qu’on se remettrait à dire DE Hitler, DE Hollywood, DE Halloween, etc. et non d’Hitler, d’Hollywood… bon, vous m’avez compris !

Adolf (qui n’était ni un n’héros ni un n’handicapé sinon du ciboulot) n’a jamais visité L.A., n’y a donc jamais mangé du fromage d’Hollande ni d’haricots avec son ami l’Hongrois, n’y a pas entendu l’hurlement de l’hibou, et n’y a pas joué de l’harpe ni de l’hautbois. Est-il même allé à l’Havre en France ? Quoi qu’il en soit les habitants d’Honfleur se souviennent de lui. Et on sait qu’il connaissait l’haute montagne et avait vécu l’hausse des prix.

Un h aspiré a valeur de consonne. Il est donc un obstacle qui empêche soit l’élision de la voyelle qui le précède au profit de la voyelle qui le suit, soit la liaison de la consonne qui le précède avec la voyelle qui le suit puisqu’il annule le hiatus.

Par conséquent on ne dit pas :
– que « Patrick Bruel a été accusé d’harcèlement sexuel » (comme on a pu le lire sur au moins un site d’informations, que j’ai failli en perdre mes guêtres), mais « de harcèlement » (on ne dit pas « l’harcèlement »)
– on ne parle pas de la « Grandalle de La Villette » (comme je l’ai entendu à la télévision) mais de la « Grandeu Halle » (comme on dit la « forteu hausse »)
– et on ne parle pas des z’handicapés (le h aspiré – le mot vient de l’anglais – empêche le hiatus et la liaison n’a donc plus lieu d’être) puisqu’on ne dit pas l’handicap mais le handicap.

Bon, cela étant dit, je pense que dans un futur pas si lointain, la pièce de théâtre Le Prince de Hombourg sera rebaptisée « Le Prince d’Hombourg » (petite réflexion à l’usage des comédiens qui parlent d’Hitler, d’Hollywood, d’Halloween et d’Harry Potter sans sourciller).

Et puisqu’on voit écrit d’Hillary Clinton, alors on doit admettre qu’on peut écrire d’Hugh Jackman (ou Grant). Mais ça donne quoi lorsqu’on le dit à voix haute ? « Diou » ?

M6, RTL ou NRJ :
ou les élisions qui fleurissent…

Je ne regarde ni n’écoute particulièrement ces chaînes, même en période de confinement, mais je n’ai rien contre elles.
En revanche ça m’arrache l’oreille d’en entendre parler car, la télévision et la radio ne faisant évidemment pas exception, tout le monde ou quasiment dit aujourd’hui d’èM6, d’èRTL, d’èNRJ ou d’èRMC, alors qu’il faut dire DE M6, DE RTL, DE… etc.
Pour ne citer que ces noms.

On ne songerait pas à dire l’èFBI ou l’èMJC , non plus que d’èRATP ou d’èSNCF, n’est-ce pas ? Et on ne dit pas « l’èM » ou « l’èR », par lequel un nom commence, mais LE m ou LE r.

Et, mieux encore, on voit même ça écrit !  « Les programmes d’M6 », « Les dossiers d’NRJ » ! Une apostrophe devant une consonne…
J’attends de lire « l’RATP ».

De la même façon il est incorrect de dire l’acHeIV,  l’acHeCR ou encore d’acHeEC, puisque le h en est aspiré. On dit le (ou de) H… quelque chose (IV, CR, EC).

Devant la première consonne d’un acronyme ou d’un sigle (il y a une différence entre les deux) la voyelle de l’article n’a pas à être élidée.

Mais il est vrai que c’est tellement épuisant de dire beaucoup de lettres, et qu’il est important d’aller vite et d’économiser des syllabes.
D’ailleurs vous avez remarqué comme les comédiens (français) cherchent de plus en plus, et sans articuler, à concurrencer les mitraillettes ? Au point que leur texte devient parfois incompréhensible. Mais bon, c’est encore autre chose.

Les un an
:
de ceci ou de cela…
Ou le singulier qu’on assassine.
Franchement ! « Les » UN an ? Il y a plusieurs « un an » ? Alors c’est « les deux ans », au moins, dont on parle !
Comment faut-il dire, alors ? Eh bien on dit « le premier anniversaire », par exemple.
« Les un an » c’est quand même d’une absurdité rare, non ? Tout autant que « les un pour cent », d’ailleurs, qu’on entend aussi.
Bien réfléchir toutefois avant de dire « chéri(e), on va fêter le premier anniversaire de notre rencontre », car il peut aussi être encore plus raisonnable de se taire si on doute qu’il y en ait un autre l’année suivante.

Un des… qui a… :
Et là c’est la conjugaison, qu’on martyrise !
Franchement, c’est compliqué de se rendre compte qu’il faut dire
soit : « un comédien qui a doublé »
soit : « un des comédiens qui ONT doublé » (c’est-à-dire : « un parmi les comédiens qui ont ») ?

Bon, on aura compris que c’est un exemple, j’espère, et que je dis ça à propos de la tournure en général et non pas du mot comédien en particulier, ni du doublage. Vous pouvez mettre n’importe quoi à la place, bien entendu.
D’ailleurs ouvrez la télévision ou la radio, et il y a fort à parier que vous n’aurez que l’embarras du choix de l’exemple dans l’heure qui suit !
Entendu par exemple sur France Info : « c’est un des pays qui a été… » ou « on est le pays qui consacrons »…

Nous sommes des… qui faisons… :
C’est un autre exemple, tiens…
Non, nous ne sommes pas « des comédiens qui faisons du doublage », mais « nous sommes des comédiens qui font du doublage ».
Et vous n’êtes pas « des lecteurs qui lisez », mais des « vous êtes des lecteurs qui lisent ».
Parce que ce n’est ni nous ni vous qui est le sujet du verbe suivant, mais le substantif.
Nous sommes quoi ? Des comédiens, et des comédiens qui font du doublage (en particulier).
Vous êtes quoi ? Vous êtes des lecteurs, et des lecteurs qui lisent (ma prose en l’occurrence, et je vous en remercie au passage).

Quand tu fais ci ou ça :
Mais d’où vient cette absurde manière, assez récente d’ailleurs, de dire tu en émettant une généralité même si on s’adresse à la reine d’Angleterre ou au pape (ce qui n’arrive qu’assez rarement au commun des mortels, surtout en français, mais quand même) ?
C’est d’autant plus ridicule que dans la même phrase on va vous asséner sans problème une tournure du genre : « si tu veux faire des études il vaut mieux avoir ton bac, vous le savez comme moi », au lieu de « si on veut faire des études il vaut mieux avoir son bac, vous le savez comme moi » ou « si vous voulez faire des études il vaut mieux avoir votre bac, vous le savez comme moi »…
Quand on parle à plusieurs personnes ou à quelqu’un qu’on vouvoie, on doit dire on ou bien vous (si on préfère être plus direct), et pas tu !
Le tu ne se justifie que si on parle à une seule personne et qu’on la tutoie.

Ça ne nous serait pas arrivé du Canada ? La première fois que j’ai entendu cette façon de tourner les choses, en effet, c’était à Montréal. J’avais été assez surpris d’entendre une serveuse me dire « si tu veux aller… », ou quelque chose du genre, alors que je ne la connaissais pas 2 minutes avant. J’ai immodestement pensé que je lui avais tapé dans l’œil et que c’est pour ça qu’elle me tutoyait d’entrée de jeu, et j’ai failli lui répondre en lui donnant du tu à mon tour. Mais j’ai été bien inspiré de n’en rien faire car dans la foulée elle est repassée au vous, ce qui m’a légèrement déconcerté je dois dire. Je ne me suis rendu compte qu’après coup que ce tu qu’elle avait employé ne m’était pas destiné à moi en particulier mais lui avait servi à énoncer une généralité et remplaçait un on. Je me demande encore ce qui ce serait passé si je m’étais mis à la tutoyer.