Voilà encore une manière de dire les choses assez déconnectée de la réalité.
Il n’y a PAS de voix « officielles », ni « attitrées ». Cela n’existe tout simplement pas.
Hormis un ou deux cas exceptionnels par le passé, où le comédien étranger était intervenu pour garder « sa » voix française, rien n’est officiel, rien n’est définitivement consacré, absolu, ni écrit où que ce soit.
Aucun comédien français n’est absolument assuré d’être repris sur le prochain film de l’acteur étranger qu’il a l’habitude de doubler, quel que soit son talent et l’adéquation de sa voix avec la voix de la version originale.

Alors oui, il y a des associations « tel comédien français/tel acteur étranger » qui ont été faites, qui ont été admises et reconnues de telle sorte qu’elles sont ensuite reconstituées presque systématiquement et qu’on songe de moins en moins à les contourner au fur et à mesure que les films s’accumulent. C’est vrai.
Mais néanmoins tout peut toujours être contesté et, pour une raison ou une autre, remis en question à chaque fois.

Il faut savoir que le doublage d’un film est en premier lieu entre les mains d’un client (chaîne de télévision, major company, etc.).
Un client s’adresse à un doubleur (c’est-à-dire, je le rappelle, une société de doublage).
Et le doubleur engage un directeur artistique à moins qu’il (le patron de la société) ne dirige lui-même l’enregistrement (ce qui arrive).

Le client peut soit :
– ne pas se préoccuper du casting et en laisser l’entière liberté au directeur artistique.
– imposer d’office des comédiens.
– exiger des essais sur tel ou tel rôle et aussi, dans ces essais, demander à entendre untel ou untel.

Le doubleur peut également imposer une distribution à son directeur artistique.

Dans tous les cas il y a plusieurs décideurs en jeu. Et chacun peut mettre son grain de sel et tenter d’influencer chacun. Chacun peut, à un niveau ou un autre de la chaîne, d’une façon ou d’une autre et pour telle ou telle raison, faire en sorte qu’un changement de voix ait lieu.

Il suffit que le client, ou le doubleur, ou le directeur artistique ne sache pas que tel comédien français a déjà doublé tel acteur étranger, ou ne veuille pas le savoir, ou ne soit pas d’accord avec ce choix (pour quelque raison que ce soit), ou veuille imposer sa marque (affirmer son pouvoir, montrer son exigence et ses compétences artistiques supérieures…), pour qu’il n’y ait pas continuité dans une association vocale. Et plus celle-ci est récente plus elle est fragile, bien entendu.
On aura donc aussi compris que plus un acteur étranger « nouveau » fait de films avec des major companies différentes plus il y a de chances pour qu’il se retrouve avec des voix à chaque fois différentes en français, puisque les clients seront différents. Le fait est que ces derniers sont de plus en plus attentifs à savoir qui a doublé qui et dans quoi. Mais cela n’est paradoxalement pas pour autant un gage certain de continuité.

Et puis il y a aussi la possibilité de l’indisponibilité du comédien français lorsque l’enregistrement du doublage doit avoir lieu. C’est très rare mais cela arrive. Sachant qu’un doubleur peut également prétendre à son client que ledit comédien n’est pas libre…

Il peut enfin y avoir désaccord du client avec d’éventuelles exigences financières du comédien français (si celui-ci a l’habitude de doubler telle très grosse star et de recevoir un cachet particulier supérieur aux tarifs conventionnels). Il est également assez rare que cela entraîne une rupture mais cela peut se produire. Et l’on trouve toujours des remplaçants…